dimanche 3 mai 2020

Confinement : jour 48


Léopoldine Hugo
De lecteur à lecteurs

Message de Pierre : 
De nombreuses familles souffrent aujourd'hui d'avoir perdu un proche sans avoir pu l'accompagner dans ses derniers instants, sans avoir pu lui rendre un dernier hommage comme on le pratique habituellement. Il faut pourtant essayer de faire son deuil. Rien n'est facile.

Victor Hugo, qui a perdu sa fille Léopoldine dans la fleur de l'âge, n'a pu, quatre ans après, atténuer sa douleur. Il l'exprime dans le court poème qui suit, avec une sobriété bouleversante :


Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne,
Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne.
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.

Je marcherai les yeux fixés sur mes pensées,
Sans rien voir au dehors, sans entendre aucun bruit,
Seul, inconnu, le dos courbé, les mains croisées,
Triste, et le jour pour moi sera comme la nuit.

Je ne regarderai ni l’or du soir qui tombe,
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur,
Et quand j’arriverai, je mettrai sur ta tombe
Un bouquet de houx vert et de bruyère en fleur.

Victor Hugo (Les Contemplations)
® Tous droits réservés

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire