jeudi 30 avril 2020

Confinement : jour 45


Le mot du jour : Ayurnamat

Ce mot inuit signifie : on y peut rien !
Un équivalent serait : accepter ce qu'on ne peut changer, non pas baisser les bras mais avoir l'art de choisir ses combats.

Donc, pas de résignation mais plutôt acceptation des épreuves de la vie, pour se recentrer sur les vrais défis plutôt que de s'acharner sur de vains regrets, sur des situations que nous ne pouvons pas modifier. 

On retrouve cette idée dans cette citation du philosophe stoïcien, Marc-Aurèle :

"Donnez-moi la sérénité d'accepter les choses que je ne peux pas changer, le courage de changer celles que je peux changer et la sagesse de distinguer les premières des secondes.
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mercredi 29 avril 2020

Confinement : jour 44

De lectrice à lecteurs 


Une vidéo partagée par Dominique :

L'équipe de la médiathèque intercommunale de Mirecourt 

a imaginé et réalisé une vidéo sur

Les réunions de médiathécaires pendant le confinement


Merci à  Angéline, Eugénie, Virginie, Marylène et Olivier 
pour ce sympathique moment !

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mardi 28 avril 2020

Confinement : jour 43


Les cheveux : retour sur ce thème d'actualité qui semble inépuisable. Voici une suggestion de documentaire à visionner tranquillement. Pierre nous expliquera ensuite l'origine et le sens de la fameuse expression : 

"Couper les cheveux en quatre".

À voir : 
Un film en ligne, disponible depuis le portail des médiathèques du Grand-Dole :

Cheveux en bataille
De bananes gominées en crinières hérissées, la chevelure permet d'afficher ses idées ou sa révolte. Récit décoiffant de plus d'un demi-siècle d'audaces capillaires.

En pétard ou rasé, le cheveu permet d'affirmer son identité, voire de se rebeller contre l'ordre établi. Dès les années 1950, les rockers donnent le ton avec leurs bananes gominées, qui, combinées à une dégaine prolo, défrisent une Amérique popote et matérialiste.

Dans les sixties, place aux cheveux longs des hippies et aux fiers afros de la communauté noire. Cette fois, il s'agit de s'affranchir de diktats racistes et de clamer une envie de liberté et de paix en pleine guerre du Vietnam.

Puis punks, mods, skins et rastas s'en donnent à cœur joie, à coup de dreadlocks, d'iroquoises ou de tondeuses.

La banane,
pas vraiment comme en ce moment.
          
Poils en liberté, un peu comme en ce moment.
                                                                                                                                                 
     
Une provocation capillaire tous azimuts qui préfigure le grand mixage des coiffures d'aujourd'hui : banane XXL et crêtes peroxydées se diffusent d'un bout à l'autre du monde et s'arborent sans revendications particulières. Mais le cheveu peut retrouver sa subversion en dehors des pays occidentaux ou à travers des mouvements récents comme l'afropunk.

Les dreadlocks
La crête du punk










                        





Défendre la mèche
Démêlant plus d'un demi-siècle de tignasses rebelles, ce documentaire à la fois éclairant et ludique fait intervenir des témoins des mouvements culturels qui ont ébouriffé le XXe siècle et ceux qui ont fait le choix, pas toujours confortable, d'arborer une coupe hors norme.


De lecteur à lecteurs 


Message de Pierre :
A la suite des articles sur le thème des cheveux, il m’est venu à l’esprit l’expression « couper les cheveux en quatre ».
La question que je me suis posée est celle-ci : dans quel sens coupe -t-on les cheveux en quatre ? Est-ce dans le sens longitudinal ?


Bien sûr, j’ai trouvé la réponse dans le dictionnaire. Cette expression est apparue au 17ième siècle mais sous la forme « fendre les cheveux en quatre ». J’avais ma réponse : c’est bien dans le sens longitudinal, ce qui est, avouons-le, impossible à moins d’avoir du matériel microscopique, donc essayer de couper les cheveux en quatre s’emploie au sens figuré : prendre un soin excessif pour faire quelque chose.




Je pourrais ajouter qu’en ce moment, dans les médias, on entend tout et son contraire et beaucoup de personnes ont tendance à couper les cheveux en quatre avec la sortie du confinement.
Il y a de quoi se faire des cheveux !!!!


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lundi 27 avril 2020

Confinement : jour 42

Aujourd'hui, un poème de Rainer Maria Rilke
pioché dans Tendres impôts à la France :     
                                                   

Il faut croire que tout est bien, si tant
de calme suit à tant d'inquiétude ;
la vie, à nous, se passe en prélude,
mais parfois le chant qui nous surprend
nous appartient, comme à son instrument.

Main inconnue... Au moins est-elle heureuse,
lorsqu'elle parvient à rendre mélodieuses
nos cordes ? – Ou l'a-t-on forcée
de mêler même aux sons de la berceuse
tous les adieux inavoués ?

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dimanche 26 avril 2020

Confinement : jour 41


La citation du jour : 

"Tout allait mal, mais tout irait mieux, donc tout allait bien."

                                                                    Philippe Lançon
                                                                                                 Le Lambeau 
                                                                                                       (Gallimard, 2018)
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samedi 25 avril 2020

Confinement : jour 40

40 ou XL 
(et XL en textile, ça commence à faire grand)


Nombre de l'épreuve...
                                    
                                       de l'attente...
                                                                
                                                               de la préparation...
                                            
Oh ! Mais c'est que ça commencerait à nous dire des choses sur la période que nous vivons, non ? Car nous voici arrivés au quarantième jour de confinement, avec pour horizon symbolique le 11 mai, date prévue pour le déconfinement. Au cours de ces dernières semaines, nombre de personnes ont traversé des épreuves, connu la maladie, la souffrance, le deuil, la peur. Cette sortie de confinement le 11 mai prochain  demande un grand travail d'anticipation et de mise en place de mesures afin d'éviter une seconde vague de contaminations.

Nous retrouvons donc nos 3 mots-clés : épreuve, attente, préparation.

Comme on dit par chez nous, "on va y voir " de plus près, parce que ce 40, tout de même, est un nombre singulier...

Commençons par la quarantaine, temps de vigilance, de réflexion ou/et d'isolement : 

La mise en quarantaine : variante de la notion de confinement. Durée de mise à l'écart afin d'éviter la propagation de germes, de virus. Cette période d'isolement permet de lutter efficacement contre les épidémies.


La quarantaine-le-roi : il s'agit d'une règle de droit féodal établie par Philippe Auguste qui impose un laps de temps de quarante jours entre une offense et d'éventuelles représailles. Ce temps de réflexion avait pour but d'éviter les guerres privées en permettant aux protagonistes de se calmer. Rompre ce délai de réflexion était considéré comme une atteinte au Roi.


Le cap de la quarantaine : célèbre tournant souvent associé au "démon de midi". L'âge de 40 ans est considéré comme le mitan de la vie humaine, le temps de la maturité et des ultimes tentations avant d'entamer la pente descendante. L'allongement de la durée de vie tend à rendre cette perception caduque.

40 est un nombre très présent dans nos représentations mentales. Parce que c'est le double de la quantité de doigts dénombrables sur un corps humain lambda. C'est donc un nombre important mais que notre esprit peut tout de même facilement se représenter...












Un nombre symbolique dans les écrits bibliques et pour de nombreuses religions :
40 ans de règne des rois David et Salomon
40 jours du Déluge
40 jours passés dans le désert par Jésus après son baptême
40 années d'errance dans le désert pour les Hébreux
40 jours passés par Moïse sur le mont Sinaï
40 jours du Carême
40 jours avant les relevailles (cérémonie de réintégration de la femme après un accouchement)


Un nombre important dans les rituels mortuaires de nombreux peuples :
car on considère que c'est le nombre de jours nécessaires pour que la dépouille soit débarrassée de toute son enveloppe charnelle.
En Égypte on enterrait le Pharaon 40 jours après sa mort.
Pour certains peuples africains, chez les Peuls par exemple, les funérailles durent 40 nuits.


"Selon R. Allendy, ce nombre marque l'accomplissement d'un cycle, d'un cycle toutefois qui doit aboutir, non pas à une simple répétition, mais à un changement radical, un passage à un autre ordre d'action et de vie." *

40 c'est aussi :
Un département : les Landes
Ali Baba et les 40 voleurs
Le CAC 40 de la Bourse
Les quarante (membres de l'Académie française)
Un groupe britannique de reggae fondé en 1978 :  UB40
Les quarantièmes rugissants : latitudes venteuses entre le 40ème et le 50ème parallèle dans l'hémisphère austral


Deux expressions :
"C'est reparti comme en 40"
"S'en moquer comme de l'an quarante"

Et un dicton :
"S’il pleut à la Saint-Médard, il pleut quarante jours plus tard, à moins que Saint-Barnabé ne lui coupe l’herbe sous le pied."

* Dictionnaire des symboles : mythes, rêves, coutumes, gestes, formes, figures, couleurs, nombres, de Jean Chevalier et Alain Gheerbrant (Éditions Robert Laffont)

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vendredi 24 avril 2020

Confinement : jour 39


De lecteur à lecteurs



Message de Pierre :
Que ferai-je après le déconfinement ?
Eh bien mon esprit vagabonde déjà et je me vois, non pas étendu à me faire rôtir sur une bande de sable grouillant de monde mais cheminant dans les prés et :

Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.
Arthur Rimbaud
"Sensations" (1870)
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jeudi 23 avril 2020

Confinement : jour 38

De lecteur à lecteurs


 Toute la France se prépare au déconfinement progressif ce qui signifie que certains seront « déconfinés » mais combien d’autres auront une mine déconfite ! Alors il faut continuer de rêver à une nature qui nous est refusée maintenant mais qui bientôt ravivera notre esprit et nos sens, comme l'exprime Baudelaire dans :

Correspondances

La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles;
L’homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l’observent avec des regards familiers.

Comme de longs échos qui de loin se confondent
Dans une ténébreuse et profonde unité,
Vaste comme la nuit et comme la clarté,
Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.

II est des parfums frais comme des chairs d’enfants,
Doux comme les hautbois, verts comme les prairies,
— Et d’autres, corrompus, riches et triomphants,

Ayant l’expansion des choses infinies,
Comme l’ambre, le musc, le benjoin et l’encens,
Qui chantent les transports de l’esprit et des sens.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal

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mercredi 22 avril 2020

Confinement : jour 37


De lecteur à lecteurs



Message de Pierre :

Il est question pour certains pays de mettre en place une géolocalisation des citoyens pour combattre le virus. Si elle se fait sur le volontariat, c'est inefficace. Si elle est obligatoire, se pose alors le danger des dérives toujours possibles mettant en cause notre liberté personnelle.

Relisons donc  le poème de Paul Éluard sur la liberté :

Sur mes cahiers d’écolier
Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J’écris ton nom

Sur toutes les pages lues
Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J’écris ton nom

Sur les images dorées
Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J’écris ton nom

Sur la jungle et le désert
Sur les nids sur les genêts
Sur l’écho de mon enfance
J’écris ton nom

Sur les merveilles des nuits
Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J’écris ton nom

Sur tous mes chiffons d’azur
Sur l’étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J’écris ton nom

Sur les champs sur l’horizon
Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J’écris ton nom

Sur chaque bouffée d’aurore
Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J’écris ton nom

Sur la mousse des nuages
Sur les sueurs de l’orage
Sur la pluie épaisse et fade
J’écris ton nom

Sur les formes scintillantes
Sur les cloches des couleurs
Sur la vérité physique
J’écris ton nom

Sur les sentiers éveillés
Sur les routes déployées
Sur les places qui débordent
J’écris ton nom

Sur la lampe qui s’allume
Sur la lampe qui s’éteint
Sur mes maisons réunies
J’écris ton nom

Sur le fruit coupé en deux
Du miroir et de ma chambre
Sur mon lit coquille vide
J’écris ton nom

Sur mon chien gourmand et tendre
Sur ses oreilles dressées
Sur sa patte maladroite
J’écris ton nom

Sur le tremplin de ma porte
Sur les objets familiers
Sur le flot du feu béni
J’écris ton nom

Sur toute chair accordée
Sur le front de mes amis
Sur chaque main qui se tend
J’écris ton nom

Sur la vitre des surprises
Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J’écris ton nom

Sur mes refuges détruits
Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J’écris ton nom

Sur l’absence sans désir
Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J’écris ton nom

Sur la santé revenue
Sur le risque disparu
Sur l’espoir sans souvenir
J’écris ton nom

Et par le pouvoir d’un mot
Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.

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mardi 21 avril 2020

Confinement : jour 36

 "L'oiseau en cage ne sait pas qu'il ne sait pas voler." 
Jules Renard


Le livre du jour
Résumé de l'éditeur :
Après un accident de voiture qui l'a laissée meurtrie, Abigail rentre chez elle. Elle ne voit plus personne. Son corps mutilé bouleverse son quotidien, sa vie d'avant lui est insupportable. Comment se définir quand on a perdu ses repères, qu'on ne sait plus qui on est, que la douleur est toujours embusquée, prête à exploser ? Grâce à l'amour des siens. Grâce aux livres. Grâce à la nature, au rire, aux oiseaux. Avec beaucoup de patience, peu à peu, Abi va réapprendre à vivre.

Prix Jeune adulte Babelio 2019 2019


Extrait :
«Elle ferme les yeux, écoute la nuit, elle sent battre le cœur de la Terre, sous elle, celui des hommes, des arbres, des animaux, ce cœur nocturne qui bat depuis le commencement, qui battra après elle. Elle appartient à ce monde immense. Et son bras, peut-être, alors, est dérisoire


Un coup de cœur pour ce roman sensible qui donne envie de se mettre à l'ornithologie, de musarder jumelles au cou, de sortir des sentiers battus et de cultiver de beaux rapports humains. Marie Pavlenko a l'art de créer des personnages originaux, attachants et mémorables.

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lundi 20 avril 2020

Confinement : jour 35

Si nous sommes nombreux à nous désoler derrière nos fenêtres, à trouver trop étroits nos terrasses, balcons ou jardins, la nature, elle, reprend ses aises.

Certains animaux sauvages tentent l'aventure jusque dans les rues des villes et des villages. À l'horizon, orques, dauphins et baleines montrent le bout de leur museau. 
Mésanges, moineaux, merles, pies, pinsons, perruches et pigeons redéploient leurs ailes et leur chant, protégés par une inédite tranquillité.

Plutôt que de nous désoler derrière nos fenêtres, dans nos jardins ou sur nos terrasses et balcons, attrapons papier, pinceaux, pastilles de couleur et suivons la leçon :


Peindre d’abord une cage
Avec une porte ouverte
Peindre ensuite
Quelque chose de joli
Quelque chose de simple
Quelque chose de beau
Quelque chose d’utile
Pour l’oiseau
Placer ensuite la toile contre un arbre
Dans un jardin
Dans un bois
Ou dans une forêt
Se cacher derrière l’arbre
Sans rien dire
Sans bouger…

Parfois l’oiseau arrive vite
Mais il pourrait aussi mettre de longues années
Avant de se décider
Ne pas se décourager
Attendre
Attendre s’il le faut pendant des années
La vitesse ou la lenteur de l’arrivée de l’oiseau
N’ayant aucun rapport
Avec la réussite du tableau

Quand l’oiseau arrive
S’il arrive
Observer le plus profond silence
Attendre que l’oiseau entre dans la cage
Et quand il est entré
Fermer doucement la porte avec un pinceau
Puis effacer un à un tous les barreaux
En ayant soin de ne toucher aucune des plumes de l’oiseau

Faire ensuite le portrait de l’arbre
En choisissant la plus belle de ses branches
Pour l’oiseau
Peindre aussi le vert feuillage et la fraîcheur du vent
La poussière du soleil
Et les bruits des bêtes de l’herbe dans la chaleur de l’été
Et puis attendre que l’oiseau se décide à chanter
Si l’oiseau ne chante pas
C’est mauvais signe
Signe que le tableau est mauvais
Mais s’il chante c’est bon signe
Signe que vous pouvez signer
Alors vous arrachez tout doucement
Une des plumes de l’oiseau
Et vous écrivez votre nom dans un coin du tableau.

("Pour faire le portrait d'un oiseau"
Jacques Prévert)
Message de Pierre :
Se mettre à la peinture ? Pourquoi pas, même si on n'est pas doué !

(Merci à Pierre pour cette proposition)


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dimanche 19 avril 2020

Confinement : jour 34

De lectrice à lecteurs


La photo du jour, envoyée par Marie-Pierre :

Attention traversée de chat et chaton !
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samedi 18 avril 2020

Confinement : jour 33

De lectrice à lecteurs

Message de Marie-Pierre :

Voici deux photos prises au cours de mes balades :

de bonnes initiatives !


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vendredi 17 avril 2020

Confinement : jour 32

De lecteur à lecteurs


Message de Pierre : 
                                                         Pensée du jour

Les médias ont du mal à trouver des informations ; ce sont souvent les mêmes mais présentées autrement. On  comprend les journalistes ; ils subissent aussi le confinement. Alors comme le disait Pierre Dac, humoriste, dans son recueil Les Pensées :

 "Parler pour ne rien dire et ne rien dire pour parler sont les deux principes majeurs et rigoureux de tous ceux qui feraient mieux de la fermer avant de l'ouvrir."



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En mai reviendra le joli temps du muguet                                                       
Et pour les cheveux le temps de se faire couper

CAR
Immense est l'attente
Et intense
La question des conditions de réouverture.

Des millions de cous se tendent,
Têtes dégradées en avant toutes !
Il est grand temps l'ami.e 

De retracer ta raie à travers la broussaille de tes tifs foisonnants,
De s'attaquer à tes racines ensauvagées,
À ces fourches affolantes qui se sont centuplées.

Texture moquette, tapis à poils ou crin,
Toutes les toisons ont dépassé les bornes
Et nos chevelures ont mué en buissons.

Foin des longues mèches, des épis insolents,
Tous nous trépignons, avides
D'aller nous faire rafraîchir le fronton.

Certains grands téméraires
Ont tenté l'aventure de la taille maison
Avec des résultats plus ou moins pertinents.

C'est qu'on ne naît pas coiffeur,
On le devient
Après moult années à tâtonner des ciseaux et du soin.

Ainsi l'ami.e, si tes cheveux sont en paillasse,
Si tes mèches folles rebiquent et t'agacent,
Patiente 

plutôt que de t'armer d'un bol
Et de faire un saccage
Ou de te tondre comme un barbet.

Bientôt !
tu pourras revenir au bac au fauteuil,
Ganté.e masqué.e et en poncho

Cloné.e en Zorro, Ami.e, 
Tu pourras à nouveau 
Confier ta chevelure à un pro.

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jeudi 16 avril 2020

Confinement : jour 31


L'expression du jour : "Se faire des cheveux"
qui signifie s'inquiéter pour quelque chose ou pour quelqu'un.
Comme vous l'avez deviné, c'est la version paresseuse de la véritable expression qui est : "Se faire des cheveux blancs", expression dont une variante est le "syndrome de Marie-Antoinette" parce que la chevelure de la reine blanchit d'un coup la veille de son exécution.

Cette canitie subite - blanchissement spectaculaire et brutal - serait en réalité la conséquence d'un stress intense qui ferait tomber les cheveux pigmentés des chevelures "poivre et sel". D'où leur blancheur soudaine.


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Un phénomène étrange sévit en ce moment. Loin des drames, des peines, des incroyables efforts portés par les personnels soignants, les employés de la grande distribution, les télétravailleurs et les services publics en général. En tendant l'oreille on peut entendre monter un chant d'espoir et de résistance : 

Le chant des artisans

Ami, entends-tu le couic noir des ciseaux à la peine ?
Ami, entends-tu le crissement des cheveux qui s'déchaînent ?

Car nos cheveux, livrés à eux mêmes, ressemblent à des jardins à l'abandon.


Ci-dessous, le témoignage d'Antoine : 

Oh, Yeah !
Ma mère m'a dit: "Antoine, fais-toi couper les cheveux"
Je lui ai dit: "ma mère, dans vingt ans si tu veux
Je ne les garde pas pour me faire remarquer
Ni parce que je trouve ça beau
Mais parce que ça me plaît".


Oh, Yeah !
L'autre jour, j'écoute la radio en me réveillant
C'était Yvette Horner qui jouait de l'accordéon
Ton accordéon me fatigue Yvette
Si tu jouais plutôt de la clarinette

Oh, Yeah !
Mon meilleur ami, si vous le connaissiez
Vous ne pourriez plus vous en séparer
L'autre jour il n'était pas très malin
Il a pris un laxatif au lieu de prendre le train

Oh, Yeah !
Avec mon petit cousin qui a dix ans
On regardait gros nounours à la télévision,
A nounours il a dit "Bonne nuit mon bonhomme"
Il est parti danser le jerk au Paladium

Oh, Yeah !
Le juge a dit à Jules: "Vous avez tué"
"Oui j'ai tué ma femme, pourtant je l'aimais"
Le juge a dit à Jules: "Vous aurez vingt ans"
Jules a dit : "Quand on aime, on a toujours vingt ans".

Oh, Yeah !
Tout devrait changer tout le temps
Le monde serait bien plus amusant
On verrait des avions dans les couloirs du métro
Et Johnny Hallyday en cage à Médrano

Oh, Yeah !

Oh, Yeah !
Si je porte des chemises à fleurs
C'est que je suis en avance de deux ou trois longueurs
Ce n'est qu'une question de saison
Les vôtres n'ont encore que des boutons

Oh, Yeah !
J'ai reçu une lettre de la Présidence
Me demandant: "Antoine, vous avez du bon sens
Comment faire pour enrichir le pays ?"
"Mettez la pilule en vente dans les Monoprix"
Oh, Yeah !  

(Les Élucubrations d'Antoine, Antoine, 1966)


La suite de ce sujet sensible demain :  en vers, en rimes (ou pas) et en images...
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mercredi 15 avril 2020

Confinement : jour 30

De lecteur à lecteurs

Message de Pierre :
Nous voici repartis pour un tour de confinement. Nos corps certes ne peuvent se déplacer mais notre esprit, si ; alors laissons-le vagabonder. Et quoi de plus facile avec la poésie. Alors suivons Baudelaire, non pas dans ses Paradis artificiels, mais dans son Invitation au voyage : un des poèmes les plus harmonieux de notre langue. J'invite chacune et chacun à le dire à haute voix pour en apprécier les sonorités et les rythmes.
La poésie c'est la musique des mots et celle des rêves.
Avec mes amitiés,

L’Invitation au Voyage


Mon enfant, ma sœur,
Songe à la douceur
D'aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Des meubles luisants,
Polis par les ans,
Décoreraient notre chambre ;
Les plus rares fleurs
Mêlant leurs odeurs
Aux vagues senteurs de l'ambre,
Les riches plafonds,
Les miroirs profonds,
La splendeur orientale,
Tout y parlerait
À l'âme en secret
Sa douce langue natale.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l'humeur est vagabonde ;
C'est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu'ils viennent du bout du monde.
- Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D'hyacinthe et d'or ;
Le monde s'endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n'est qu'ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.
Charles Baudelaire
(1821-1867)
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