Au cours de la période tourmentée que nous venons de traverser
(allez ! Soyons optimistes, parlons-en au passé), il a souvent été
question des situations dramatiques engendrées par le confinement
dans des logements trop exigus pour le nombre d'occupants, de la
charge mentale encore largement assumée par les femmes, ainsi que
des situations de maltraitance qui se sont multipliées.
Publié en 1929, traduit en français par Clara Malraux, le bel essai
de Virginia Woolf est donc toujours d'une criante actualité
puisqu'il parle de la nécessité pour toute femme (mais on pourrait étendre cette nécessité à CHAQUE être humain), de posséder Une chambre à soi
ou au Un lieu pour soi (A Room of One's Own), ainsi que
des ressources propres.
Virginia Woolf, grand
écrivain anglais du début du XXème siècle, personnage-phare du
groupe de Bloomsbury (une communauté artistique et littéraire
avant-gardiste), est aussi une figure emblématique du
féminisme britannique.
Petit florilège à
retrouver dans Une chambre à soi :
Il
est actuellement beaucoup plus important de savoir de quel argent de
poche et de quelle chambre les femmes disposent que de bâtir des
théories sur leurs aptitudes.
On
ne peut ni bien penser, ni bien aimer, ni bien dormir, si on n'a pas
bien dîné.
La
littérature est ouverte à tout le monde. Je refuse de vous laisser
m'interdire la pelouse, tout surveillant que vous êtes. Fermez à
clef vos bibliothèques si ça vous chante ; mais il n'y a ni porte,
ni serrure, ni verrou que vous puissiez mettre sur la liberté de mon
esprit.
Car
les femmes sont restées assises à l'intérieur de leurs maisons
pendant des millions d'années, si bien qu'à présent les murs mêmes
sont imprégnés de leur force créatrice ; et cette force créatrice
surcharge à ce point la capacité des briques et du mortier qu'il
lui faut maintenant trouver autre chose, se harnacher de plumes, de
pinceau, d'affaires et de politique.
Il
est vain de dire que les êtres humains devraient se contenter de
tranquillité : ils ont besoin d'action ; et ils la créeront s'ils
ne peuvent la trouver.
Les
femmes ont pendant des siècles servi aux hommes de miroirs, elles
possédaient le pouvoir magique et délicieux de réfléchir une
image de l'homme deux fois plus grande que nature.
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