jeudi 7 mai 2020

Confinement : jour 52


Une chambre à soi

Au cours de la période tourmentée que nous venons de traverser (allez ! Soyons optimistes, parlons-en au passé), il a souvent été question des situations dramatiques engendrées par le confinement dans des logements trop exigus pour le nombre d'occupants, de la charge mentale encore largement assumée par les femmes, ainsi que des situations de maltraitance qui se sont multipliées.

Publié en 1929, traduit en français par Clara Malraux, le bel essai de Virginia Woolf est donc toujours d'une criante actualité puisqu'il parle de la nécessité pour toute femme (mais on pourrait étendre cette nécessité à CHAQUE être humain), de posséder Une chambre à soi ou au Un lieu pour soi (A Room of One's Own), ainsi que des ressources propres.


Virginia Woolf, grand écrivain anglais du début du XXème siècle, personnage-phare du groupe de Bloomsbury (une communauté artistique et littéraire avant-gardiste), est aussi une figure emblématique du féminisme britannique.


Petit florilège à retrouver dans Une chambre à soi :

Il est actuellement beaucoup plus important de savoir de quel argent de poche et de quelle chambre les femmes disposent que de bâtir des théories sur leurs aptitudes.

On ne peut ni bien penser, ni bien aimer, ni bien dormir, si on n'a pas bien dîné.

La littérature est ouverte à tout le monde. Je refuse de vous laisser m'interdire la pelouse, tout surveillant que vous êtes. Fermez à clef vos bibliothèques si ça vous chante ; mais il n'y a ni porte, ni serrure, ni verrou que vous puissiez mettre sur la liberté de mon esprit.

Car les femmes sont restées assises à l'intérieur de leurs maisons pendant des millions d'années, si bien qu'à présent les murs mêmes sont imprégnés de leur force créatrice ; et cette force créatrice surcharge à ce point la capacité des briques et du mortier qu'il lui faut maintenant trouver autre chose, se harnacher de plumes, de pinceau, d'affaires et de politique.

Il est vain de dire que les êtres humains devraient se contenter de tranquillité : ils ont besoin d'action ; et ils la créeront s'ils ne peuvent la trouver.

Les femmes ont pendant des siècles servi aux hommes de miroirs, elles possédaient le pouvoir magique et délicieux de réfléchir une image de l'homme deux fois plus grande que nature.

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